IL Y A UN SIECLE EXACTEMENT, LE 25 FEVRIER 1922, L'EXECUTION DE LANDRU


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Au terme d’un procès long de trois semaines, Landru fut condamné le 30 novembre 1921 à la peine capitale, pour le meurtre de 11 personnes.

Au surlendemain du verdict, le 2 décembre 1921, Landru demanda son pourvoi en cassation. Les motifs invoqués reposaient sur deux irrégularités. D’une part, le fait que Landru avait été interrogé le 16 juin 1921 par le président des Assises alors qu’il avait demandé son pourvoi dès le 4 juin, ce qui permettait d’invoquer la nullité de cet interrogatoire. D’autre part, la liste des jurés présentée au procès de novembre 1921 omettait l’adresse et la profession de l’un des jurés, Albert Bidard.

Le 2 février 1922, la Cour de cassation de Paris rejeta ce pourvoi. D’une part, il fut jugé que la demande de pourvoi du 4 juin, légalisée précisément le 16, n’empêchait nullement l’accomplissement de l’interrogatoire ce même jour. De l’autre, M. Bidard n’avait pas été retenu comme juré pour le procès, d’autant qu’il était décédé peu avant.

Suite à ce rejet, Landru fit une ultime tentative, en faisant demander la révision de son procès auprès d’un avocat à la Cour de cassation. Deux faits nouveaux étaient invoqués, le déplacement d’ossements à Gambais et le fait que l’une des victimes, Marie-Angélique Guillin aurait été encore en vie fin 1915. Le premier fait reposait sur une lettre envoyée par un dénommé Hector Vigouroux, datée du 24 novembre 1921. Il déclarait avoir vu à Gambais, la nuit du 15 avril 1919, un habitant nommé Bastien, connu pour être déséquilibré et étant décédé depuis, avoir fouillé dans l’ossuaire communal et y avoir pris des ossements pour les placer dans le jardin de la villa Tric. Cet élément fut rejeté : M. Vigouroux ne précisait pas son identité, son témoignage était tardif, et de plus, les ossements trouvés à la villa Tric n’avaient pas les caractéristiques d’ossements extraits d’un cimetière, puisqu’ils avaient été découpés et calcinés. Cette lettre fut donc considérée comme une mystification. Le second fait nouveau était le témoignage d’une femme de ménage, qui déclara y avoir rencontré Marie-Angélique Guillin le 8 novembre 1915, alors que l’accusation l’avait dite assassinée le 2 août 1915. Cet élément fut également rejeté, car il avait été clairement établi que c’était une autre des victimes, décédée plus tard, qui vivait à l’adresse indiquée. Il fut considéré que ce témoignage n’apporterait aucun élément nouveau. La requête de révision fut donc rejetée le 14 février 1922 par le procureur général près la Cour de cassation.

La sentence prononcée le 30 novembre 1921 devenait donc exécutoire. Le jeudi 23 février 1922, le défenseur de Landru, Me de Moro-Giafferri se rendit au palais de l’Elysée afin de demander au président Alexandre Millerand d’accorder à Landru la grâce présidentielle. L’entrevue dura presque une heure et demie. Le Président prit des notes, mais resta impassible à l’écoute des arguments présentés par l’avocat et ne laissa rien entrevoir de sa future décision. Le lendemain, il refusa la grâce.

A Versailles, les troupes stationnées sur place furent consignées pour 48 heures, et un plan de maintien de l’ordre fut établi. La presse du 24 février, faisant l’hypothèse que la grâce serait refusée, annonça que l’exécution aurait lieu « sans délai ». Le samedi 25 février 1922 à trois heures du matin, les environs de la place des Tribunaux furent évacués des rares noctambules qui s’y trouvaient. Vers quatre heures, un fourgon amena les pièces de la guillotine, qui fut immédiatement montée. Elle était installée à peine plus de trois mètres devant la porte de la prison où Landru était détenu depuis plusieurs mois, à deux pas de l’entrée du palais de Justice. A 4 h 40, l’installation était terminée.

Les soldats bloquant l'accès à la prison, devant laquelle la guillotine avait été installée, au matin du 25 février 1922. La prison est le petit bâtiment blanc situé au centre de l'image (Agence Rol).

Même vue prise d'un peu plus loin (cliché Agence Rol).

La foule maintenue à l'écart, à l'entrée de l'actuelle place André Mignot (Agence Rol).

Peu après, à 4 h 50, les avocats de Landru, Me de Moro-Giafferi et Me Navières du Treuil arrivèrent à Versailles. Ils passèrent devant l’échafaud puis pénétrèrent dans la prison. Selon ce qui fut relaté dans la presse, Landru, anxieux de l’attente de la grâce présidentielle, avait mal dormi. Vers 5 h 45, le substitut Béguin, le procureur général Philippon, Mes de Moro-Giafferi et Navières du Treuil ainsi que l’abbé Loisel, aumônier de la prison, pénétrèrent dans la cellule de Landru. Le substitut Béguin le réveilla, en lui annonçant à deux reprises « Landru, ayez du courage ! ». Une fois réveillé, il répondit « C’est une recommandation inutile à faire à un innocent ». Il fit sa toilette, s’habilla calmement, puis se dirigea vers ses avocats. Il s’adressa à Me de Moro-Giafferi et le remercia de l’avoir défendu. Puis il remit quelques uns de ses papiers à ses avocats. On lui demanda s’il voulait le traditionnel verre de rhum, qu’il refusa.

Le substitut Béguin lui demanda s’il avait une déclaration à faire. Landru s’offisqua, considérant la question comme injurieuse puisqu’il était innocent.

L’abbé Loisel lui demanda s’il voulait entendre la messe, et Landru répondit « Ce n’est pas la peine, je ne veux pas faire attendre ces messieurs ». D’autres versions de l’échange avec l’abbé ont circulé depuis.

Landru fut alors conduit au greffe. Le bourreau et ses aides le lièrent, coupèrent le col de sa chemise, ainsi que sa barbe. Il demanda pourquoi on serrait tant les liens, et on lui répondit que c’était réglementaire. On le conduisit à la porte de la prison, qui s’ouvrit peu avant six heures cinq. La foule avait été maintenue à l’écart, et seule une soixantaine de personnes était à proximité de l’échafaud. L’abbé Loisel dit à Landru « Ayez du courage » et celui-ci répondit « J’en aurai ».

Landru avança vers la guillotine, dont il ne quitta pas la lame des yeux. On l’installa. Le bourreau, Anatole Deibler, actionna le mécanisme et l’exécution eut lieu. Certains journaux donnèrent l’heure, 6 heures 5, 6 heures 10 ou même 6 heures 4 minutes et 28 secondes, selon le journal La Presse.

 

L'exécution, qui eut lieu vers 6 heures 5 du matin.

La première page du journal Excelsior du jour.

Immédiatement après l'exécution, le convoi amenant la dépouille de Landru au cimetière des Gonards à Versailles.

Le départ du convoi, revenu entre temps, emmenant les bois de justice démontés.

Les restes de Landru furent immédiatement placés dans un fourgon et conduits au cimetière des Gonards, à Versailles. Là, ils furent placés dans un cercueil blanc et enterrés dans le quartier réservé aux suppliciés. Conformément à la loi, la tombe ne put être marquée au nom de Landru, et porta simplement l’inscription « Henri Désiré ». Au bout de cinq ans, la concession ne fut pas renouvelée, et les ornements placés sur sa tombe furent retirés. Il semble qu’il repose toujours dans l’ancien quartier des suppliciés, en un lieu dont la localisation exacte est aujourd’hui inconnue.

La tombe de Landru en 1922 (Agence Meurisse).

Après cinq ans, les ornements de la tombe furent ôtés.


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